Depuis l’enfance je déteste l’injustice et la loi du plus fort. Atteint du syndrome du moche pendant mon adolescence, timide et boutonneux, donc complexé, reclus au fond de la classe et près du chauffage, je n’ai jamais pu ou réussi à exprimer mes valeurs, celles qui faisaient de moi le petit défenseur des opprimés. D’ailleurs personne ne m’a jamais demandé mon avis et à défaut de réflexions je me contentais d’actions physiques aussi infimes que bienfaitrices pour son receveur.

Si en primaire j’étais dans les têtes de classe le secondaire fut, à partir de la 4e, le début d’échecs successifs qui devaient me conduire en lycée professionnel. Déjà faible à l’époque mes capacités intellectuelles se sont délitées au profit d’indigences et de bêtises communes à tous les idiots de la terre. Ayant péniblement obtenu un diplôme de comptabilité qui, sur le marché, ne valait pas grand-chose, j’ai dû accepter plusieurs petits boulots avant d’en trouver un plus stable dans la grande distribution. De fil en aiguille j’ai su gravir les échelons pour échoir dans un grand bureau avec une grande quantité de paperasses et de responsabilités. Pourtant, si ma réussite sociale prenait de l’ampleur, c’était au détriment de mon for intérieur comme si une petite voix me susurrait que je faisais fausse route, que je marchais à côté du chemin, dans les bas-côtés du pouvoir et de l’injustice réunis. Et puis un beau jour j’ai craqué, je suis parti, j’ai quitté le confort professionnel pour l’inconfort personnel. Arrivé en haut de ma modeste échelle sociale j’ai entamé une descente vertigineuse de ses barreaux pour me retrouver dans un petit studio où se côtoie toiles d’araignées et souris grattant avec avidité la laine de verre du plafond et des murs.

Si matériellement j’avais tout perdu, spirituellement je me suis d’une certaine façon enrichi et j’ai commencé à écrire les bribes d’un système où le monde serait infiniment plus juste, plus équitable, plus solidaire et surtout, humainement plus développé. Le chemin fut long, très long, mon inculture étant aussi grande que ma volonté d’achever cette entreprise à laquelle personne n’a jamais cru.

Au départ j’avais nommé ce système le système Andromède en rapport avec la lointaine galaxie située à 2.55 milliards d’années lumières de notre bonne vieille planète. En effet je partais du principe où il serait impossible de proposer un tel système à cause du fossé entre les mentalités actuelles tournant autour de l’individualisme forcené et celles plus collectives où l’avenir se construirait ensemble et dans une perspective de long terme. Au final j’ai décidé de garder le titre d’origine, toutefois en retrait avec le nouveau, plus moderne, à savoir Economie Démocratique Active ou EDA (prononçons aida !). Cette respiration est nécessaire pour ancrer l’initiative dans la réalité et pour offrir à notre avenir une raison d’espérer…

Habité depuis l’enfance par ce sentiment inaltérable d’humanité, cette humanité laissée en chemin au cours de l’évolution moderne, dont la mienne pendant un temps trop long, j’ai laissé dans l’encre de ces lignes le meilleur de moi-même et la limite de mes réseaux neuronaux. Mais j’espère sincèrement que cet essai représentera au pire une chimère, au mieux un espoir pour les générations présentes, un vœu à mettre en place bien avant qu’un vaisseau spatial terrien ne parte pour la très lointaine galaxie d’Andromède…

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