Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Economie Démocratique Active

EDA Page 4/6 - Regards sur l'Economie reine

Rédigé par Gebel de Gebhardt Stéphane

EDA Page 4/6 - Regards sur l'Economie reine

   Inutile d’expliquer en long et en large ce qu’est cette économie dominante, ce libéralisme économique dont le capitalisme a su tirer le maximum de profits, peu importe les moyens pour se les procurer même s’il s’agit d’exploiter de pauvres enfants qui se battent pour la survie de leur famille. Je m’orienterai donc vers des critiques qui sont en accord avec cette trame que je traîne depuis l’enfance : est-ce humain oui ou non ?

  Si aujourd’hui nous voulons agir ou exprimer nos propres intérêts il faut des moyens. Or le libéralisme économique étant favorable aux déjà riches et défavorable aux pauvres, ces moyens sont retenus, captés, accumulés. Il en résulte un accroissement des écarts de richesse, une sorte de confiscation silencieuse conduisant irrémédiablement à une paupérisation continue des classes les moins aisées. Et le système économique tel qu’il est conçu ne peut en aucun cas combler ce fossé, les profits étant captés par ceux qui détiennent les moyens de production, c’est-à-dire une infime minorité. L’économie du capital n’a qu’un seul but : accumulé le profit et ce but me gêne profondément puisqu’il n’a qu’un sens purement matériel et entraîne l’humanité dans le plus exécrables des matérialismes.

   Pour vendre leur système les économistes libéraux, ceux incitant à l’accumulation du capital, veulent montrer que le libre jeu des intérêts individuels dans la société civile conduit à un ordre et non au chaos. En ce sens, le projet libéral s'inscrit dans le cadre d’une philosophie optimiste. L’écossais Adam Smith (voire page 3) suppose ainsi dès 1776 dans sa recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations que tout se passe comme si une « main invisible » organise les échanges et harmonise les intérêts individuels et collectifs : bien qu'il ne cherche que son propre intérêt, l’homme « est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. » En d'autres termes, la conjonction des intérêts individuels aboutit à l'intérêt général. La même idée est exprimée par Montesquieu : « chacun va au bien public, croyant aller à ses intérêts particuliers ». 

 

  Soit. Si cette définition du libéralisme économique valait quand la société était à dominante agricole et artisanale et qu’à l’appel de la révolution industrielle les intérêts individuels se sont éveillés, aujourd’hui ce n’est plus le cas. La société est saturée de besoins artificiels car pour maintenir l’économie dominante il faut créer de l’emploi même si certains beaucoup d’entre eux peuvent être qualifiés d’inutiles. De plus le capitalisme réduit l’emploi à la seule notion de productivité et à cause de ce critère laisse des millions d’individus au chômage, creusant toujours plus l’écart entre les classes.

 

  L’argument principal du libéralisme économique étant que chacun est libre d’entreprendre, ce qui a fait merveille pendant les trente glorieuses de la reconstruction de l’hexagone avec des conséquences non calculées à cette époque « bénite » (aggravation des dérèglements planétaires, pollution, pénuries de matières premières, destruction des écosystèmes selon les rapports Meadows), ne l’ai plus aujourd’hui puisque les moyens colossaux des grandes entreprises ne servent qu’aux entreprises et vous réduisent au silence. Ainsi la montée en puissance des acteurs privés dans la gestion des biens publics à l'échelle mondiale entraîne une privatisation accélérée des moyens, une destruction des ressources naturelles et une négation de l'être humain qui agirait plus comme homo œconomicus que comme homo sociologicus.

 

  L’un des nombreux autres défauts de notre économie est la surproduction (toujours dans le but louable de maintenir les emplois et celui moins louable de ne pas rater le moindre euro de chiffres d’affaires) qui gaspillent une grande quantité des ressources planétaires. Plus de 41 200 kilos de nourriture sont jetés chaque seconde dans le monde. Cela représente un gaspillage alimentaire de 1,3 milliard de tonnes d'aliments par an, soit 1/3 de la production globale de denrées alimentaires dédiée à la consommation (source planetoscope.com).

 

  Et que dire de l’obsolescence programmée ? Que dire de ce mode de fonctionnement qui consiste à produire des objets à durée de vie limitée pour augmenter leur taux de remplacement ? Que dire de l’irréversible gâchis de matières premières qu’occasionne cette idéologie des affaires ? Sa contestable trame est toujours la même : augmenter le profit par le remplacement incessant des objets. Il convient alors de dire que la gestion capitaliste est une logique d’obsolescence qui détruit continuellement ce qu’elle produit par nécessité de produire autre chose. Elle met le monde sous pression, sous la pression du bénéfice.

 

  L’économie capitaliste est aussi synonyme d’efficacité et de rendement. Elle réduit les sujets à des choses, objets produits et manipulés dont le droit à l’existence dépend de leur utilité économique et sociale. Et dans cette sphère économique où tout s’achète et se mesure, où tout est pensé pour le court terme, rien pour le long terme (irresponsabilité) on peut se poser la question de notre valeur, du prix de notre vie. Surtout que les technologies robotisées sont là pour montrer que nous sommes aisément remplaçables. D’ailleurs pour Paul Jorion : « Les machines ont augmenté la productivité des capitalistes au lieu de répartir les fruits de l’effort et travailler moins ». Pour la productivité et donc l’augmentation des profits le pari est gagné, pour travailler moins on peut être nettement plus circonspect puisque dans cette forme économique travailler moins signifie ne pas travailler du tout et cirer les bancs de l’ANPE, recevoir les indemnités Assedic puis mendier sur un trottoir. En effet les machines, si elles remplacent très bien les hommes, n’ont pas en parallèle permis de créer d’autres emplois mais ont généré plus de profits. Si les machines sont l’une des causes de la pénurie de propositions de travail, les objectifs productivistes en sont la raison principale. Et augmenter la productivité c’est augmenter le rendement, augmenter le rendement c’est augmenter le profit et augmenter le profit c’est augmenter la richesse de ceux qui détiennent les moyens de production. Ce profit supplémentaire pourrait créer d’autres activités si la cupidité ne captait pas le moyen d’échange, l’argent. Alea jacta est.

 

  L’augmentation de la productivité (par exemple les machines remplaçant les hommes ou les licenciements boursiers) est l’un des facteurs contribuant à la croissance économique. Historiquement, les gains de productivité les plus forts ont coïncidé avec les périodes très forte croissance économique. Cette dernière se mesure par le PIB qui est l’indicateur de l’augmentation de la richesse individuelle assimilée au niveau de vie. Mais comme l’argent va à l’argent il s’agit là d’un véritable leurre puisque ce sont ceux qui possèdent le capital des entreprises qui tireront la majeure partie du bénéfice et, de cette fameuse croissance économique, il restera quelques miettes pour celles et à ceux qui ont offert leur force de travail.

 

  L’un des autres mirages de cette croissance économique est qu’elle transformerait la vie des populations dans la mesure où elle créerait davantage de biens et de services. Alors demandez-vous si les 9 millions de personnes vivant dans l’hexagone (l’un pays les plus riches au monde, c’est vous dire les autres !) sous le seuil de pauvre ont vu leur niveau de vie augmenter ? Que signifie pour eux un taux de croissance soit à 2, 3 ou 4% ? Rien, véritablement rien et se sera toujours les possédants du capital qui tireront profit de cette croissance et en aucune façon ceux qui ne possèdent rien car 0 fois quelque chose fera toujours 0 ! De même qu’affirmer que l'enrichissement résultant de la croissance économique peut permettre de faire reculer la pauvreté est une véritable ineptie. Si le monde se construit d’une certaine façon il se construit d’une façon bancale, si bancale qu’elle continue à laisser dormir des familles dans la rue. Un exemple ? «Les richesses du monde sont divisées en deux : près de la moitié est entre les mains des 1% les plus riches, tandis que 99% de la population mondiale se partagent l'autre moitié ! ». Un autre ? Au 21ème siècle, la moitié de la population mondiale - soit 3,5 milliards de personnes - ne possède pas plus que les 80 personnes les plus riches ! Inutile d’en rajouter.

 

  Pour les mouvements marxistes la croissance vise simplement à augmenter les bénéfices des entreprises (construire un nouvel hôpital ou un porte-avions militaire provoquent tous les deux de la croissance) au lieu d’être la définition d’une production utile pour les êtres humains. Ils considèrent ainsi que c'est la nature et le contrôle de la production qui est déterminant, et non pas sa quantité dans l'absolu, et pensent donc que c'est le contrôle et la stratégie de la croissance qui permettront un développement social et écologique.

 

  Comme le souligne le mouvement marxiste ce modèle de croissance économique n’a d’autre sens que celui de l’augmentation des profits. Pour autant doit-on sacrifier sur l’autel de l’enrichissement la qualité de vie des générations futures ? Doit-on éternellement oublier de mentionner que la croissance économique est proportionnellement inverse à la décroissance des écosystèmes et par conséquent à celui de l’équilibre naturel ? Car oui, cette forme de croissance menace l’équilibre d’un monde aux ressources finies, d’un monde fait d’une somme de petites choses interdépendantes et qui, par ses liens brisés, menace l’ensemble du vivant. Ceci n’est pas une déclaration utopique mais une bien triste réalité. Et tout ça pour un simple artifice bancaire...

 

  Depuis la révolution industrielle on ne tient pas compte de la nature, de celle qui nous abrite depuis la naissance de l’humanité, croyant à tort que nous vivons au sein d’un gigantesque aquarium ou d’un dôme dont la flore et faune serait composé des plus inaltérables métaux. Sans doute notre modèle économique croit-il en son éternité, en son infinité ? Mais à l’image d’une étoile ayant consommé l’intégralité de sa matière, finissant d’exploser en supernova, cette vorace croissance finira par dilapider l’intégralité des ressources planétaires et engendrera inéluctablement une exponentielle décroissance et la fin de la civilisation telle que la connaissons aujourd’hui.

 

  Pour conclure ce chapitre je tiens à rendre hommage au missionnaire néerlandais Frans van der Hoff, fondateur du commerce équitable, qui dit ceci : « le système a laissé sur le bas-côté de la route nombre de victimes expiatoires. Il s’en nourrit, elles sont indispensables à son existence et à son essor. C’est dans la victimisation des plus démunis que le système trouve sa justification. Ainsi, il proclame des droits humains, comme le droit à vivre, au travail, à la dignité, au logement, mais est dans l’incapacité de les faire respecter. Pour s’en défendre, le capitalisme assure que lorsque la croissance reviendra ou qu’elle sera meilleure, il se trouvera automatiquement du travail pour les pauvres, que cela les sortira de leur misère. Mais il faut en finir une fois pour toutes avec cette foi aveugle ! ».

 

Page 4/6

Rejoignez-nous sur la page facebook

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :